Textes en tous genres
Page 1 sur 1
Textes en tous genres
Hey ! C'est encore moi !!
Sur ce sujet, je posterai des textes écrits juste comme ça, qui ne sont ni des poèmes ni des fragments, mais qui ne font pas non-plus partie d'un de mes projets d'écriture !
J'écris beaucoup
Pour être franche, écrire me permet de respirer, donc je ne peux pas m'en passer !
Voilà quelques textes que j'ai écris ! J'en posterai d'autres un autre jour ! ^^
Au début de chaque texte, je mets souvent des citations qui m'inspirent ou collent au texte, ou bien des musiques qui m'ont aidé pendant l'écriture.
- L'eau:
- Concerto d'Aranjuez - Adagio - Joaquin Rodrigo
Le vieil homme laissait son regard bleu océan courir sur la vaste étendue qui s'offrait à lui, allant et venant sur la plage. Toute cette eau... Il était parti à sa rencontre, avait voulu voyager à son gré, avec elle, danser avec elle, bercé par le remoud des vagues. Il l'avait fait. Et ces années avaient été les plus belles de sa vie.
Avec la toute la fougue de sa jeunesse, il s'était mis en tête de dompter l'océan. Mais l'océan ne s'apprivoise pas. C'était l'eau qui décidait de tout, elle gagnait toujours, sur tout le monde, et l'on n'y pouvait rien. Avec le temps, alors que tout disparaissait, il ne restait plus que l'eau, brillante, resplendissante, recouvrant tout sur son passage. Même les plus forts, les plus hargneux, telle la montagne, elle finissait par les vaincre, à l'usure, elle les consumait jusqu'au plus profond de leurs entrailles. Mais tous, à leur dernier soupir, avaient le sourire au lèvre, pouvant se dire qu'ils avaient réussi à tenir, même si ce n'était qu'un temps, face à elle, et même en sachant qu'ils allaient perdre, ils avaient continué de résister...
Il avait fini par abandonner cette idée, dompter la mer... C'était idiot qu'en on y réfléchissait réellement. On partait avec trois mâts et on revenait difficilement avec un seul, quand on décidait de la combattre... L'eau se vengeait de ceux qui cherchaient à la maîtriser. L'océan n'était esclave de rien, ni de personne ; ce qu'il voulait il le prenait, simplement, en le recouvrant. Dans sa colère, il déclenchait des tempêtes et noyait sauvagement les berges de sable chaud... Puis la colère passait et l'océan s'apaisait, l'eau redevenant lisse et brillante, ramenant le monde à son état originel, calme, vide, sans plus aucune turbulences, serein.
L'eau gagnait toujours, alors pourquoi vouloir l'enchaîner ? Tout le monde savait que dès qu'on essayait de la tenir entre nos mains, elle trouvait toujours un moyen de s'échapper, de sortir du bocal dont elle était prisonnière.
Quand il voyait tous ces hommes courir la mer pour la contrôler, le vieillard souriait doucement. Un jour peut-être comprendraient-il. Nul ne devait faire de l'eau son ennemi, sa proie ; une fois qu'on avait admis qu'elle resterait toujours plus forte, on vivait beaucoup mieux. L'eau faisait entièrement partie de l'homme ; pas uniquement du marin, mais de l'humanité entière ! L'homme avait besoin de l'eau pour vivre et pourtant, il savait qu'elle pouvait tout aussi bien le détruire... Beaucoup partaient et ne revenaient jamais, l'eau leur rendant la monnaie de leur pièce : ils avaient voulu l'enfermer et elle le faisait à son tour, les emprisonnant dans son palais sous-marin gardé par des milliers de poissons colorés... Et on ne les revoyait jamais.
Le vieil homme avait compris, lui, en un sens. L'eau n'était pas un ennemi à abattre, a soumettre ou à asservir... Elle était le compagnon de route du marin, de l'homme. Si l'on voulait bien lui accorder toute sa confiance, elle nous menait toujours à bon port... Tout ce que l'eau demandait, c'était danser. Danser avec le feu, la chair créée des flammes, danser pour assouplir encore un peu la frontière entre le ciel et la terre. S'élever vers le ciel, voler. User la montagne pour qu'elle veuille bien s'abaisser à sa hauteur, briser son armure, l'embrasser pour ne former plus qu'un. L'eau dansait, s'affolait pour s'assoupir, apaisée, heureuse. Elle aidait le monde à respirer et celui qui dansait avec elle, la prenait pour compagne et poursuivait son chemin avec elle à ses côtés pouvait enfin respirer, comme jamais il n'avait respiré jusqu'alors. Plus que de respirer l'air frais, il se sentait prêt à tout, même respirer sous cette eau qui le soutenait.
Le vieillard, des années auparavant, avait décidé de danser avec elle et de ne jamais s'arrêter. Et lorsque ses jambes ne le porteraient plus, comme souvent ses derniers temps, il continuerait de danser, porter par les vagues du soir... Et il respirerait encore l'air salé de l'océan.
Des hommes étaient encore partis, des milliers de rêves et d'espoirs au fond des yeux. Ils danseraient, il en était certain. Ils tomberaient amoureux des vagues et ils reviendraient avec un bel enfant. Ils reviendraient avec cette lumière invincible au fond des yeux. Et ils danseraient encore.
La douce musique de l'adagio s'éleva de l'eau paisible, ondulant jusqu'à lui. La marée s'avança sur la plage. Et, un sourire aux lèvres, le vieil homme se laissa une nouvelle fois porter par la danse.
- Voyage en avion:
- Bolero - Maurice Ravel
Je déteste l'avion, c'est viscéral, physique. Je ne peux pas c'est tout. Je n'aime pas l'avion et c'est réciproque ! Mais que demande le peuple ? Pourquoi je n'aime pas ? C'est simple. Je suis phobique. Oui, phobique, comme certains ont peur des araignées, moi j'ai peur de l'avion. Je vois bien ce que vous allez me dire :
« Ah ! C'est parce que tu as peur du crash ! Tu crois que ça peut s'écraser en plein vol, comme ça, qu'un moteur peut exploser et que vous vous écrasiez dans la mer et que si, par miracle, tu as échappé à l'incendie, les cris, les pleurs et l'explosion finale, tu viennes te noyer dans la mer ou mourir de froid !! Comme dans les films catastrophes américains ! »
Franchement, je n'y avais même pas pensé. Mais merci, c'est d'autant plus rassurant de s'imaginer les scénarios les plus effrayants qui soient... J'aime beaucoup le « comme dans les films catastrophes américains »... Malheureusement, ça arrive dans la vraie vie, et dans ce cas, on ne peut pas sortir de la salle de cinéma en se disant « ce n'est pas grave ! Ce n'est que du cinéma ! »
Mais je m'égare... Je déteste l'avion et pourtant, à l'instant même, je suis dans un de ces satanés appareils, à me demander combien d'heure je vais devoir y rester confiné et si je vais survivre à ne pas pouvoir parler à quelqu'un dans mon langage pendant plusieurs heures. Je suis phobique des avions confinés. En plus, je suis sur la place côté allée, je ne peux même pas me détendre en regardant les nuages en dessous de moi. Vous allez me dire que c'est de la claustrophobie pure et dure, et bien non ! Ça ne m'arrive que dans les avions ! En plus, les gens n'en ont rien à faire des autres dans ce genre d'appareils... Ils ont tous leurs petits masques pour dormir et les parents ne prêtent même pas attention à leurs gosses qui piaillent de toute part en courant partout, trop excités de leur premier voyage en avion. J'en viendrais presque à espérer une turbulence pour qu'ils se cassent tous les dents sur la moquette.
Non, je retire ce que j'ai dit... Ils chouineraient pendant deux heures et ce serait absolument insupportable. Les gens sont pénibles dans les avions, comme partout vous me direz, mais ici, ils sont pire, c'est horrible. À croire que tous les défauts de l'espèce humaine ressortent dans les voyages en avion. Il y a ces gosses qui bientôt s'étoufferont avec leur salive qu'ils n'auront pas eu le temps d'avaler, le richard qui te raconte que, non, l'avion ne peut pas crasher, puisque selon une équation de ax + 2bc = ya + 5c, les ailes ont un poids suffisamment proportionnel pour qu'on plane. Certes. Mais si un oiseau de la taille d'un tank percute l'aile gauche, on crashera quand même. Il ne faut jamais oublier l'élément perturbateur de l'équation, très cher. Après tu as le tabacoman qui n'a pas fumé depuis plusieurs heures et qui commence à triturer des doigts sur l'accoudoir et à enchaîner chewing-gum sur chewing-gum, avant même que le précédant n'est plus de goût. Tu as aussi le type qui demande à l'hôtesse de l'air s'il ne pourrait pas avoir un hamburger... Un hamburger ? Attends mon gars, déjà qu'un thé dégoûtant, tu vas l'avoir à quatre euros, un hamburger ce serait le luxe ! Prend ton mal en patience et mange ce qu'on te donne. Oui, je sais, c'est à vomir. On fait ce qu'on peut avec les moyens du bord, okay ? C'est pour tout le monde la même chose, alors arrête de te plaindre !
Et pis il y a moi, le pauvre type qui a déjà arrêté de compter à la combientième fois il en est de prise d'avion et à la combientième fois il dit qu'il a horreur de ça. Oui, l'avion, ce n'est pas pour moi. Je déteste être dans les airs... J'aime trop la terre pour la lâcher un seul instant, alors je me sens mal, je panique facilement, je passe mon temps à me demander pourquoi on n'est pas encore arrivé, quand est-ce qu'on arrive... Je crois que j'aurais jamais pu être un piaf. En plus c'est con un piaf. Je regarde le mec à côté de moi qui avait commencé un film pour tuer le temps et qui a déjà commencé à ronfler. Ça ne devait pas être si intéressant...
Je déteste l'avion. C'est viscéral. C'est physique. Vous allez me dire qu'en vrai, je n'aime juste pas les endroits confinés, que je n'aime juste pas les gens, tout simplement. Ben vous savez quoi ? C'est faux – enfin, à moitié. – C'est pas que c'est méchant une personne, c'est juste pénible, ce n'est jamais content, ça critique tout le monde... Encore pire dans les avions ! Après, vous allez me dire que je n'aime pas les oiseaux, non-plus. Certes. Je n'aime pas spécialement les piafs. Ça vole un piaf et moi, j'ai peur de voler, de décoller les pieds du sol. Ce n'est pas pour moi, ça me rend malade... Et puis... C'est con un piaf. Quoi ? Sérieux ! Vous n'avez jamais vu un pigeon de près ? C'est passablement débile un pigeon ! Et quand on y réfléchit, un avion, c'est juste un gros pigeon en métal. Un piaf, quoi. Et je n'aime pas les piafs. Donc je n'aime pas l'avion.
Et malheureusement, je vais devoir l'endurer pendant encore un bout de temps...
- Vampire(s):
- If I die young - Band of Perry
Bientôt le soleil allait se lever... Encore une fois, comme toujours. Et elle n'était pas là. Un jour, elle lui avait dit, le sourire aux lèvres : « Tu sais, quoi qu'il arrive, le soleil continuera toujours de se lever ! » C'était censé être un message d'espoir, mais aujourd'hui, il préférerait qu'il ne se lève pas, que la terre reste dans une obscurité éternelle. Il gratta deux accords sur sa guitare, les yeux dans le vide. Il avait faim. Il avait tout le temps faim en ce moment. Elle lui manquait avec ses réflexions métaphysiques. Il était mélancolique, ce soir. Il jeta un coup d’œil à sa tasse de thé, qui trônait fièrement sur le fartas de sa table basse depuis le début de la soirée. Il était froid maintenant. Le musicien soupira.
Bon, il devait composer cette fois... Il lui avait promis une chanson la dernière fois qu'ils s'étaient vu. Et il ne voulait pas la décevoir. Il tourna le regard vers l'extérieur, admirant la nuit une seconde. Bientôt, il allait devoir fermer les volets et aller se terrer au sous-sol. Il aurait tout le temps de composer.
Il soupira. Il avait faim, vraiment. Or, si, lui, ne pouvait sortir que la nuit, les humains eux, ne sortaient que le jour. C'était rare de croiser un bon humain la nuit. Il n'y avait que des SDF et des petits crétins avinés. C'était un cercle infernal pour lui, le damné, qui n'avait rien à se mettre sous la dent. Comme dans le mythe de l'homme condamné à tendre la main vers le fruit et ne jamais pouvoir l'attraper. Il poussa un sifflement rageur et un son discordant sorti de son instrument. Il avait soif, maintenant, de cette soif intangible, impossible à assouvir avec une tasse de thé. Il savait très bien ce qui pourrait l'étancher... Un léger sourire pervers passa sur ses lèvres et il chassa l'idée.
Il posa sa guitare dans l'étui avec une certaine légèreté et alla s'allonger sur son lit. Ses yeux clairs, injectés de sang se posèrent sur les seringues qui se trouvaient. Un sourire ironique naquit sur ses lèvres. Dire que pendant un temps, il avait songé à s'injecter suffisamment de drogue dans le sang pour en mourir... Malheureusement, ça ne marchait pas. Les damnés n'avaient pas la chance de mourir... Maintenant, il se faisait des injections juste pour se rebooster, pour le fun diraient les humains d'aujourd'hui... Quitte à ne pas pouvoir se suicider, autant en profiter pour planer un peu, ça faisait passer le temps, après tout, surtout quand on vivait seul depuis deux cents ans. Seul petit hic, les drogues injectaient ses yeux de sang et l'empêchaient de manger... Enfin manger... Il maigrissait, quoi. Il avait plus mort-vivant que d'habitude, si c'était possible. Un nouveau sourire sarcastique illumina son visage.
Bon. Ce coup-ci, ce n'était plus vivable. Il se leva avec un mélange d'agilité, presque surnaturelle, et d'hésitation, due à sa dose, et se dirigea vers le réfrigérateur. Puisqu'il ne pouvait pas sortir la journée et qu'il oubliait généralement de sortir la nuit, il avait fait des réserves. Intelligent, n'est-ce pas ? En plus, il n'avait pas envie d'un pauvre SDF, ce soir... Il avait besoin de quelque chose de plus voluptueux, plus enivrant.
Il alla chercher dans un des bacs un petit sachet en plastique transparent, où un liquide rouge, presque noirâtre, commençait à geler. Ça devait faire un bout de temps qu'il était là... Le sang chaud, ce n'était pas bon, mais trop froid, c'était presque pire... Mais bon, il fallait bien qu'il fasse avec les moyens du bord. Il ouvrit le sachet d'un geste vif et porta l'embouchure à ses lèvres pâles.
Il poussa un soupir de bien-être. Ça lui avait manqué... Deux jours qu'il ne s'était pas nourri, trop obnubilé par cette stupide chanson. Il en aurait presque oublié sa véritable drogue... Il essuya d'un revers de la manche la goutte de sang qui perlait à la commissure de ses lèvres et alla reprendre sa guitare, ragaillardi. Par contre, la nuit prochaine, il devrait se trouver du sang frais... Le sang congelé n'était vraiment pas bon pour son organisme... Et il allait encore avoir des crampes à l'estomac. Il passa ses doigts dans ses cheveux sombres. Ce serait bien si la prochaine pouvait être une fille, une jolie, qu'il n'aurait pas de mal à séduire. Il lui chanterait une ou deux ballades et elle se laisserait faire, saoule, sortie de boite de nuit.
Il devait attendre... Attendre qu'elle revienne, puisqu'elle lui avait promis de revenir. Peut-être était-il naïf... Après tout, ça ne faisait que deux cents ans qu'il l'attendait. Et elle viendrait, il l'avait promis. Alors en attendant, il s'occupait, il s'évadait...
Il reprit sa guitare et recommença à grattouiller, l'esprit tournant à cent à l'heure, réveillé par le mélange – peu néfaste pour lui – de la cocaïne et du sang froid. Il entonna de sa voix profonde les premières notes de la chanson. Sa chanson. Bloody Roses...
- Et tu t'en vas, comme on s'envole:
« Alors tu pars vraiment ?
- Oui.
- Et tu reviens quand ?
- Dans quelques semaines normalement, quand je serai guéri.
- S'ils arrivent à te soigner...
- Tu as peur ?
- Bien sûr que non !
- Alors pourquoi tu trembles ?
- J'ai froid, idiot.
- T'as froid parce que je m'en vais ?
- Nan. Dis pas n'importe quoi. Ce serait con.
- T'as pas envie que je parte ?
- T'as envie de partir ?
- Tu détournes encore les questions.
Parce que je ne veux pas que tu partes. Parce que je veux que tu arrêtes de me mentir et de dire que tout va bien. Je veux savoir ce que tu as. Tu dis que tu es malade... Mais t'as quoi ? Tu vas guérir ? Tu vas vraiment guérir ? Ou alors tu te fous encore de moi, en me cachant tout ce que tu sais, tout ce qu'il faudrait que tu me dises. Peut-être que t'as peur de partir toi aussi. Tu veux me laisser ? Pourquoi tu pars ? C'est grave ? Tu vas guérir n'est-ce pas ? Dis-moi ce que tu as !!
- Non. J'ai pas entendu.
- T'es de mauvaise foi.
C'est vrai, j'ai peur. J'ai peur que tu partes et que tu ne reviennes jamais, même si tu dis que tu reviendras. Je te fais confiance, bien sûr, mais j'ai peur, j'y peut rien. Peut-être que c'est plus grave que tu ne le dis. Oui, c'est plus grave. Je le sais, parce que tu as encore ce sourire faussement léger. Tu rigoles, mais tes yeux s'assombrissent. C'est toujours comme ça avec toi. Alors tu me le caches, hein, ce truc important. Ta maladie, c'est quoi ? Tu ne veux pas me faire de peine que tu ne me le dis pas ? Ça fait mal ?
- T'as intérêt à revenir.
- Je te manque déjà ?
- T'es narquois.
- Comme toujours, tu sais bien.
Oui, comme toujours...
- T'as peur que je te manque ?
- Ce serait juste plus pareil sans toi. J'ai pas peur !
C'est nul de mentir. Tu vois très bien quand je mens en plus. Ne dis rien, s'il-te-plait, fait comme si tu ne le voyais pas. Ce sera moins dur de se dire au revoir, si on fait tous les deux semblants.
- Tu fais semblant, je sais.
- Toi aussi. Tu reviens vite ?
- Bientôt, je te l'ai déjà dit.
- Oui, mais je veux être sûre que c'est pas des paroles en l'air.
- Parce que je lance des paroles en l'air, moi ?
- Tout le temps.
- Tu reviendras toujours, hein ?
- Si je peux.
- C'est nul comme réponse.
- C'est tout ce que j'ai.
- Tu dois revenir.
- Ah ?
- Prouve-leur qu'ils ont tort de pas avoir confiance.
- Tu parles de toi avec « ils » ?
- Tu vas guérir ?
- J'vais essayer.
- C'est nul d'essayer. Ça marche pas toujours quand on essaye.
- On prend le risque ?
Tu souris encore. Dernier risque ? Dernier plongeon ? Encore une fois, tu ne veux pas me répondre. Peut-être que tu ne reviendras pas demain. Ni jamais.
- On prend le risque.
- Tu veux que je te promette ?
- Non.
Non, pas de promesses qu'on est pas sûr de tenir, tu le sais bien, c'est comme ça que ça marche. Tu veux me rassurer. Ça marche pas. T'es grillé.
- J'vais revenir vite.
- Alors tu pars vraiment ?
- Oui.
- Et c'est où que t'as mal ?
- Au cœur.
- T'as intérêt à guérir.
Tu hésites. T'as l'air idiot. J'aime pas quand tu hésites, c'est jamais bon.
- Je crois pas.
- Comment ça ?
- C'est incurable comme maladie du cœur.
- Mais t'as dit que tu te ferais soigner !
- Et tu crois que ça va marcher ?
- T'es contradictoire.
- Nan. Ça vaut le coup d'essayer. Mais ça marchera pas, tu sais bien.
- Nan, je sais pas. Moi, je sais rien, j'suis débile, tu sais bien.
Tu réponds pas, peut-être que c'est pas ce que tu penses, toi. T'as peur ? T'as peur toi aussi ? T'as une maladie du cœur, chouette, on avance un peu. Mais toutes les maladies, ça guérit. Ça servirait à quoi de créer des maladies, sinon, s'il y avait pas de quoi les guérir quelque part ?
- Tu pars loin ?
- Trop loin pour toi.
- C'est jamais trop loin.
- Tu veux pas me quitter, on dirait.
- C'est un crime ?
- Passionnel.
- Peut-être.
- T'es une psychopathe.
- Ouais, mais moi, j'ai pas de maladie de cœur.
- T'en auras. Tout le monde en a.
- Nan. Y a les cardiaques, et y a les autres.
- C'est pas ces maladies de cœur là.
- Y en a d'autres ?
- Y en a toujours d'autres.
- Pourquoi ?
- J'sais pas, c'est la vie.
- C'est nul comme réponse.
- T'aimes jamais mes réponses.
- Si, mais pas quand elles sont nulles.
Tu souris. T'arrêtes pas de sourire depuis tout à l'heure. J'espère que ça va te manquer toutes mes conneries quand tu seras loin. Dans le loin où tu veux pas me dire où c'est.
- T'as pas encore peur ?
- Tu veux me faire peur ?
- Non. J'veux te dire au revoir.
- Au revoir ou adieu ?
- Pas adieu. Y a jamais d'adieu. C'est nul les adieux. Ça fait mal, et ça fait pleurer.
- J'ai pas envie de dire au revoir.
- On se fait un code ? Bonjour pour au revoir, au revoir pour bonjour.
- Okay.
- Alors, bonjour.
- J'ai pas envie de le dire. J'ai pas envie que tu partes loin.
- Je peux pas partir près.
- Pourquoi ?
- Parce que loin, c'est mieux. Faut que je prenne l'air.
- Essaye l'hélium, t'auras une voix marrante.
- T'es pas drôle.
- Toi non-plus t'es pas drôle.
J'ai pas envie de te lâcher et de te voir partir. C'est nul les adieux qui sont pas des vrais adieux. Demain, je serai toute seule, là, sans toi. Toi, tu seras loin. Sans moi.
Et tu reviendras bientôt tu dis.
- Tu vas mourir ?
- Nan. Juste partir un temps.
- Et revenir.
- Et revenir.
- C'est quoi comme maladie de cœur si c'est pas cardiaque et que tu dois quand même partir loin ?
- C'est douloureux.
- Tu réponds pas à ma question.
- Chacun son tour.
- J'ai besoin de savoir.
- Et ça t'avanceras à quoi ? De toute façon, j'reviens bientôt.
- Pas me faire de mouron pour toi, idiot.
- J'le mériterai ?
- Nan.
- Tu veux dire oui !
- Nan, j'veux dire nan.
- Tu veux tout savoir ?
Oui, j'veux savoir si tu reviendras, si ton cœur ira mieux, bientôt, et pourquoi il va pas bien et qu'à cause de ça, tu dois partir loin. Je veux savoir pourquoi on se dit au revoir.
- Oui.
- J'suis amoureux. Et j'vais partir.
- C'est con.
- Ouais. Mais j'suis con.
- Et tu vas faire quoi ?
- J'vais réfléchir. C'est incurable, j'suis amoureux.
- Elle est comment ?
- Stupide. Elle pose des questions cons.
- Pourquoi tu l'aimes alors ?
- Parce qu'elle est stupide... Et qu'elle pose des questions cons.
- J'comprends pas.
- Y a rien à comprendre dans l'amour, je crois.
T'es amoureux. Et tu pars. Tu lui as dit ? Elle t'a jeté ? Tu fuis ? Pourquoi tu pars ?
- Je savais pas que c'était une maladie.
- Bah...
- Quoi bah ?
- Bah, rien. Bah.
- Elle t'aime ?
- 'Sais pas. Peut-être.
Tu hausses les épaules. Tu devrais lui dire, elle serait sans doute contente de savoir que tu l'aimes ! Pourquoi tu pars ? Tu vas la retrouver ?
- Elle est loin d'ici ?
- Nan, tout près.
- Alors tu vas pas la voir, loin ?
- Nan, ça sert à rien.
- J'comprends rien. Tu bafouilles.
- Et toi t'as pas envie que je parte.
- Tu m'énerves.
- Si tu me dis de pas partir, je pars pas.
- C'est vrai ?
- J'sais pas, qui sait ?
- Tu pars quand ?
- Demain.
- C'est dans encore longtemps.
- Pas forcément.
- J'aimerais bien que tu reviennes vite.
- Moi aussi.
- Quand tu seras guéri ?
- Quand je serai guéri.
- Et tu le sauras comment.
- J'sais pas. Je l'sentirai, je pense.
J'peux pas t'empêcher de partir, j'ai pas le droit. Même si je comprends pas trop pourquoi tu pars, si tu veux partir, pars. Ce qui compte, c'est que tu saches qu'il y aura quelqu'un pour t'accueillir au retour, nan ?
- Je serais là quand tu reviendras.
- Je sais.
- Bien.
- Bien.
- Alors on se quitte comme ça ?
- Tu veux qu'on se quitte comment ?
- J'sais pas. C'est bizarre, c'est tout.
- T'as peur maintenant ?
- J'espère juste que ton cœur ne seras plus malade quand tu reviendras.
- T'es stupide.
- Ah ouais ?
- Ouais. Et tu poses des questions cons.
- Oui. Tu m'aimes pour ça aussi.
- Je reviendrais.
- Je sais.
- Alors c'est maintenant ?
- Ouais.
- Okay.
- Bonjour, alors.
- Bonjour.
Tu passes ta main dans mes cheveux, et tu t'en vas, comme on s'envole.
Bonne lecture !
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|